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"L'architecture kitsch brésilienne présente à la fois une certaine « naïvité » et de traits caractéristiques de la production « officielle », notamment ceux issus de l'architecture moderne, l'avant-garde d'autrefois, qui sont actuellement en partie assimilés par le public. C'est ce que nous pourrions nommer architecture post-populaire : l'appropriation bon enfant d'emblèmes classiques de la modernité. Nous pourrions citer, par exemple : les constructions sur pilotis « à la Corbu des années 30 » supportant des structures surdimensionnées ; les toitures à chéneau central (dérivées de l'architecture moderne) associées au fronton, que est lui élément d'influence néo-classique ; l'utilisation systématique de colonnes « alvorada » (du nom du palais du governement brésilien créé par Oscar Niemeyer) dont la forme a été calquée sans que, pour autant, les proportions originales aient été respectées."
"L'architecture brésilienne kitsch détiendrait un code à double sens : traduire le désir de modernité et d'appréhension d'élément d'un registre élevé ; fonctionner en tant que méta-architecture, par la critique des stéréotypes modernes qui, détachés de leur contexte, ressortent par contraste. Cette architecture-là offre également une bonne occasion de recenser comment la population s'est appropriée les élements d'une architecture moderne qui avait pour principal credo idéologique de fournir des habitations aux classes défavorisées. Celles-ci seraient en train de recréer les codes d'une élite, de les ré-interpréter et de les lui restituer, sous forme de matériau brut. Il faudrait peut-être s'interroger sur la possibilité d'un retour de l'architecture kitsch qui, issue d'une architecture érudite, pourrait y revenir, ravivée par des élement primitifs, en introduisant dans la production officielle son potentiel de créativité. Tout comme Robert Venturi nous a montré la possibilité « d'apprendre de Las Vegas », il serait possible d'apprendre de ce post-modernisme populaire que le fonctionnel peut céder la place à une utilisation poétique et joyeuse des image emblématique du modernisme"
CAVALCANTI, Lauro. Niemeyer ni pire. L'Architecture d'Aujourd'Hui, Paris, n. 259, p. 48-50, out. 1988.